Mettre en page son roman – partie 2

Je vous avais expliqué dans cet article les règles de base de la mise en page. Les tirets, les espaces insécables, les veuves et les orphelins…

Ok, tout ça c’est bien beau, mais pour les auteurs indépendants qui me lisent, ça n’aide pas complètement à mettre en page un roman – pas quand on parle de « mise en page » pour désigner la maquette de l’objet-livre.

Cet article n’a pas la prétention de vous apprendre comment effectuer chaque action – il existe des dizaines de logiciels de mise en page – mais bien de vous donner une sorte de check-list pré-impression de votre roman.

 

Prêts ? Go !

 

• CÔTÉ TYPO

– Nous disions ici, donc, de garder des polices de caractère simples, type Times New Roman and co pour faire votre mise en page, afin que le texte soit lisible. Si vous maîtrisez votre logiciel, incorporez systématiquement les polices lors de l’exportation du PDF afin d’éviter des soucis à l’impression.
Il m’est arrivé, lors de mes études, de voir des maquettes sortir avec des lettres manquantes et des rectangles de couleur qui n’étaient pas sur le PDF à cause de données non prises en charge par l’imprimeur. Du coup, petit conseil : demandez systématiquement à vérifier le BAT de votre livre avant de lancer un tirage de plusieurs centaines d’exemplaires.

– Faites attention à la taille de la police, maintenant. Ce qui vous paraît petit sur écran peut s’avérer très gros une fois imprimé, donc n’hésitez jamais à faire des tests en imprimant une page avec la même police en différentes tailles. Généralement, j’utilise du corps 11 quand je réalise mes maquettes, mais selon le public visé par votre roman, cette taille peut varier. En jeunesse, notamment, on aime utiliser du corps 12, voire du 13 ou 14.

– Vérifiez attentivement vos espaces insécables : ce sont des espaces que l’on insère entre certains caractères pour éviter qu’ils soient séparés par un retour à la ligne. Points d’interrogation, d’exclamation, guillemets, etc. Il n’y a rien de plus laid qu’un point d’exclamation éjecté tout seul à la ligne suivante.

– La césure : c’est bien d’en avoir, mais les règles typographiques veulent qu’il n’y ait pas plus de trois césures à la suite. Sinon bah, c’est pas joli. N’hésitez pas à jouer légèrement sur l’interlettrage pour rectifier ce souci si besoin.

 

• CÔTÉ MISE EN PAGE

Les pages blanches et les dernières pages des chapitres ne sont jamais numérotées.

Les chapitres commencent obligatoirement sur les pages impaires. Les romans dérogeant à cette règle ont été mis en page, au choix, par des ignorants, des radins ou des punks.

– De même pour tout ce qui est page de titre, remerciements, table des matières… tout ça débute sur une page impaire. Sauf si vous êtes ignorant, radin ou punk, donc (ou si vous avez besoin de gagner une page pour arriver à un multiple de 4)(cf plus bas).

– Un truc tout bête mais sur lequel il est facile de se tromper : la page 1… est la première page du livre – et non du texte. En comptant les pages de titre, de dédicace, les éventuelles cartes et autres citations, votre chapitre 1 commencera logiquement en page 3, 5 ou 7… mais jamais, jamais en page 1.

L’épineux problème des marges : ni trop, ni trop peu. Les grandes marges sont généralement réservées aux beaux livres. Si vous abusez sur leur taille, non seulement vous allez considérablement augmenter le nombre de pages de votre livre (et il coûtera plus cher à produire) mais, en plus, ça ne fera pas spécialement joli une fois imprimé.
Le plus simple reste encore de prendre quelques bouquins de votre bibliothèque et de mesurer chaque marge – supérieure, inférieure, extérieure. Pour la marge intérieure, on ajoute 2mm par rapport à l’extérieure afin de compenser la reliure.

– Le nombre de pages de votre roman doit dans la plupart des cas être divisible par 4. Spécificité technique des imprimeurs.

 

• MENTIONS LÉGALES

À l’intérieur de votre livre doivent obligatoirement figurer :

  1. Le numéro ISBN de votre livre
  2. Son titre (sans blague)
  3. La date du dépôt légal
  4. Les noms des personnes ayant pris part à l’élaboration du livre : auteur, correcteur, maquettiste, illustrateur… (certaines maisons d’édition possédant un studio graphique intégré, elles regroupent plusieurs de ces fonctions sous le seul nom de la maison. Néanmoins, dans le cas de l’auto-édition, tous ces noms doivent bien apparaître.)
  5. L’achevé d’imprimé, qui sera ajouté directement par votre imprimeur sur la dernière page du livre.

Vous pouvez bien sûr y ajouter d’autres éléments, comme l’adresse de votre site internet, etc.

 

Sur la couverture, maintenant, doivent obligatoirement figurer :

Sur la première de couverture : le titre du roman, le nom de l’auteur et le logo de la maison d’édition si vous en avez une.

Sur la quatrième de couverture :

  1. Le résumé
  2. Le numéro ISBN ainsi que le code barre (qui se génère à partir de l’ISBN sur un site comme celui-là)
  3. Le prix (obligatoire en vertu de la loi Lang de 1981 qui impose un prix unique des livres en France)
  4. Le nom de l’illustrateur de la couverture (obligatoire en vertu de la loi sur la propriété intellectuelle)

 

 

Normalement, j’ai fait le tour.
Et si ce n’est pas le cas… je ferai une troisième partie !

 

 

 

 

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4 réflexions sur “Mettre en page son roman – partie 2

  1. B512 dit :

    « Les chapitres commencent obligatoirement sur les pages impaires. »
    J’ai trouvé cette affirmation si étonnante que j’ai voulu la vérifier.
    Peu de chance que ma bibliothèque soit représentative du monde de l’édition, mais j’y ai tout de même trouvé des exceptions (sauf chez Gallimard).
    Bref, par curiosité, de quel tiroir éditorial sortez-vous cette règle et, accessoirement, sauriez-vous à quoi elle sert ? (à part ne pas passer pour un punk radin ignorant)

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    • Tiphs dit :

      Du tiroir éditorial de mes études, et plus précisément de mon prof de typo qui a travaillé pendant quinze ans aux éditions du Seuil.
      Pour la petite explication, quand on tourne les pages d’un livre, la page impaire est la première dont on voit le texte, la première sur lequel le regard se pose avant de faire l’effort de regarder sur le verso de celle qu’on vient de tourner. C’est donc d’abord une question d’esthétique, mais aussi d’ergonomie. Le cerveau humain est fainéant : moins il fait de gym pour trouver ce qu’il cherche, mieux ça vaut. On lui facilite donc la tâche en plaçant le début du chapitre là où il n’a pas à faire d’effort pour le trouver.
      Egalement, ça évite au lecteur de poser le regard par erreur sur une phrase ou un mot qui pourrait lui spoiler la suite, même à une page près.

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      • B512 dit :

        L’explication « ergonomique » est subtile ! (enfin, pour une cervelle comme la mienne qui serait plutôt ascendant crapaud écrasé). Je possède un manuel de typographie prétendument complet et elle n’y figure nulle part, donc merci :=)
        Et dans la série « On t’a rien demandé, va donc écrire ta vie dans la neige avec ta b…, hé, Dugenou » :
        – en cherchant un peu avant de lire votre réponse, j’ai appris que les typographes appelaient la page de droite la « belle page ». C’est joli.
        – Pour les Japonais, c’est la page de gauche qui sert de nouveau chapitre (j’ai vérifié de visu, je jette cette observation à vos pieds).
        – Le logiciel LaTeX crée par défaut les nouveaux chapitres sur la page de droite, option que je désactivais systématiquement jusqu’à aujourd’hui parce que voilà, hein, laisser une page blanche seule c’est un peu faire un petit orphelin de plus chez les arbres, gâchis de papier, tout ça. Je me sens comme une vieille croûte de fromage.

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