Et puis, à un moment donné du voyage, on a dit YOLO, on va se taper une journée de détente en Amazonie, et plus précisément à…
∇ PUERTO MALDONADO ∇
et la réserve de Tambopata
On n’a pas pu se faire vacciner contre la fièvre jaune, alors on était moyennement chaudes, au départ, pour partir se perdre au milieu de la forêt tropicale, mais en fait… fuck it. On avait vraiment envie de voir l’Amazonie, même moins longtemps que prévu.
L’avion était à crever de peur, la vue sur les Andes absolument magnifique, et on est arrivées en Amazonie au lendemain d’un énorme orage, par une étonnante température de 18°C et un temps pas si humide que ça.
Coup de bol, notre visite est donc tombée pile poil pendant ce qu’ils appellent l’hiver amazonien , qui arrive deux jours par an.
On avait donc réservé une nuit au Monte Amazonico Lodge, perdu en plein milieu de la forêt. Pour y aller : 1h15 de pirogue. Sur un fleuve agité à cause de l’orage de la veille, aux eaux boueuses chargées de branches, troncs et sans doute quelques caïmans camouflés.
Ceeee qui doooonne… UN DRAME.
ON Y ÉTAIT PRESQUE. La première heure de trajet s’était déroulée sans problème, à part quelques douches et la vague impression qu’on allait chavirer si on osait ne serait-ce que desserrer les fesses. Je discutais avec un chaman qui tentait de nous convaincre de venir le soir-même à son initiation à l’ayahuasca, tout en traduisant tant bien que mal à ma copine Ienny, qui ouvrait de grands yeux en secouant la tête « y a pas d’hôpital à moins d’une heure de bateau, c’est mort je tente pas ça » (vu ce que nous a raconté un mec par la suite, j’aurais pas tenté non plus, en tout cas pas dans ces conditions-là).
QUAND SOUDAIN.
BAM.
Tronc dans l’hélice du moteur, hélice dans le fleuve, panne sèche au milieu de l’eau. Sans couverture réseau, sans téléphone de toute façon. Ienny a perdu environ trois teintes sur le nuancier des couleurs de peau, moi sans doute autant. Le conducteur nous explique le souci, le chaman explose de rire, on sourit de la manière la plus détendue (non) possible en attendant de voir ce qu’on va faire pour se dégager du milieu du fleuve.
Réponse : on crie.
Et c’est même pas une blague.
Le conducteur a mis ses mains en porte-voix et a appelé à l’aide vers les berges, en espérant que quelqu’un entende, et rien qu’à y penser j’en ris encore #cestnerveux.
Il aura fallu dix minutes d’appels et je sais pas combien de mètres à dériver pour qu’on nous entende, et qu’une autre pirogue nous rejoigne, mais si tu penses qu’on allait changer d’embarcation, tu te trompes lourdement. Les mecs ont calé leur pirogue derrière nous et nous ont poussé tant bien que mal jusqu’à ce qu’on atteigne notre destination.
Et enfiiiin on arrive on y est, et quoi de mieux en guise de bienvenue que se retrouver nez à nez ou presque avec une tarentule à orteils roses ? Hm ?
Voilà, tu peux pas test avec ce genre d’accueil.
Bon, je vais la faire courte : c’était beaucoup, beaucoup trop chouette.
Le lodge en lui-même, déjà, était génial, même si on s’est caillé le cul parce que, forcément, tout est ouvert et pas équipé pour les rares jours de froid.
On n’aura pas vu de singes, d’alligator ni de loutres géantes, mais il y avait des tonnes de papillons tous plus beaux les uns que les autres, des énormes lézards, on a fait des gratouilles à un cochon de compagnie beaucoup trop affectueux, vu environ trop araignées cachées dans les coins, une foutretonne d’oiseaux magnifiques et il se pourrait qu’on ait envoyé une grenouille venimeuse dans les toilettes sans faire exprès (quelle idée de remonter par les canalisations pendant qu’on pisse aussi, franchement)(de rien pour l’instant glam).
Oh, on a vu des chats, aussi. Plein.
Le matin, alors qu’on repartait déjà, on a même vu un vol de aras rouges passer juste au-dessus de nos têtes.
Sans parler du paysage, des arbres immenses comme j’en avais jamais vu du calme, de l’isolement, des bruits de vie invisible tout autour…
Bref, l’Amazonie aura été une escale-éclair et on en aura pas vu grand-chose, mais le peu que j’en ai vu m’a suffi pour en tomber amoureuse et savoir que je veux y retourner plus longtemps, un jour peut-être.